Tolérance à la souffrance ?…

Je m’interroge beaucoup, ces derniers temps, sur cette question de la souffrance…

Pourquoi devrions-nous souffrir ? Est-ce entendable de « souffrir pour » ?

Je me souviens de ces phrases jetées à la volée, que j’entendais, petite :

« Faut souffrir pour être belle, ma chérie ! », « Serre les dents, ça passera vite ! », « Allez, cesse de faire ta chochotte ! »…

Ah oui ??!! Vraiment ?? C’est ainsi que ça doit se passer ?? Cela m’avait brièvement interloquée… Comment ? Pourquoi est-ce le chemin nécessaire ? N’y en a t il pas un autre, moins agressif ?…

Puis, enfant, j’avais cru ne pas avoir d’autres options et j’avais suivi les dictons des ainées. Et j’avais pris mon mal en patience…plutôt que de prendre mon bien en urgence !

Souffrir est-il une absolue nécessité ?

On souffre pour accéder à une certaine forme de beauté. On souffre pour avoir un meilleur compte en banque. On souffre en attendant d’être reconnue (enfin !…)… Et on va jusqu’à souffrir dans son propre lit !

On souffre de ne pas être avec la bonne personne, celle qui nous chavire le cœur.
On souffre de cette position sexuelle qui nous déplait au plus haut point mais qui fait tant plaisir à notre partenaire.

On souffre de cette pénétration, qui n’est pas obligatoire, mais que l’on endure parce que l’on a peur de blesser l’autre, ou de l’inquiéter de notre profond attachement, ou de ne pas être à la hauteur.

On souffre, jusqu’à ne pas lui dire que « Oui on l’aime ! » mais comme ça nous fait du bien aussi d’avoir une soirée rien qu’à soi !

Et toutes ces souffrances s’enchaînent, s’accumulent, se cristallisent et petit à petit viennent comme les termites détruirent l’édifice. Celui de notre confiance en soi. Celui de notre force et de notre courage à rester debout coûte que coûte. Celui de se penser capable de dire les choses simplement, pour le bien de tous et pour le nôtre.

Et, ô malheur ! Petit à petit, toute cette souffrance agglomérée vient détruire l’élan à aller vers l’autre et à se retrouver dans ses bras. On y va, oui ! Mais c’est désormais en souffrant, et pour son seul supposé plaisir. Or nous n’y sommes plus ! Nous descendons doucement la pente. Nous voilà pétri.e.s de crispations, d’appréhensions. On cherche l’évitement. On glisse vers la haine, l’envie de faire ressentir tout ce mal que l’on supporte. Et parfois, on sombre doucement vers le dégoût ; celui de soi puis celui de l’autre.

Et tout cela car on coopère avec notre souffrance. On la laisse prendre petit à petit le contrôle. On lui donne les clefs ! On la tolère ! La tolérance à la souffrance, cela vous parle ??!

Que faire alors ?

Déjà, en prendre conscience est un pas de géant. En prendre conscience d’une manière générale, mais aussi dans les différents moments de sa vie quotidienne.

Et puis choisir : « Souffrir ou ne plus souffrir, telle est la question ? »

Alors, toutefois, reste à mettre à part cette souffrance physique voulue. De celle que l’on éprouve quand on se dépasse, quand on pousse au-delà de ses limites physiques pour se révéler, s’exprimer, s’extérioriser, se réaliser.

Celle-ci, comme peut l’être celle d’un marathonien, est une souffrance que l’on s’impose en l’ayant choisi volontairement, en décidant de l’éprouver pour se prouver quelque chose. Quelque chose de bon, quelque chose de bien : le fait que l’on soit vivant et que l’on est capable !

Là, c’est une autre souffrance. Ce terme n’est d’ailleurs plus adapté. Ce n’est plus de la souffrance à proprement parler – qui vient de la racine latine « suffere », ou « supporter » – mais plutôt de l’endurance, comme apprendre à résister, de la conversion de la douleur au travers de la réalisation d’une performance. Cette souffrance deviendra acceptable car elle s’accompagnera du plaisir de se dépasser.

Il me semble que c’est toute notre représentation et notre tolérance à la souffrance qui est à revoir !

Une déconstruction de notre chemin vers le bonheur et l’épanouissement est à l’ordre du jour !

Non, je n’ai pas à souffrir pour être belle/beau !

Non, je n’ai pas à souffrir pour être apprécié.e, reconnue, aimé.e.

Non, je n’ai pas à souffrir pour avoir un orgasme !!!

D’autres possibles existent.

D’autres façons de faire sont envisageables.

D’autres manières d’y parvenir sont à trouver.

Encore faut-il faire le choix de les chercher et de s’en saisir.

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