Dualité du désir

4h30 ce matin…

Une question tourne dans mon esprit autour de cette notion du désir…

Si une histoire avec autrui nous amène à trouver à cette personne, toute une profusion de qualités et de points admirables, qu’en est-il de ce que le désir vient dire de nous ?

Nous nous étendons peut-être trop peu sur ce que ce sentiment amoureux ou cette impulsion dévorante dit de nous-mêmes et de nos ressentis propres.

Nous sommes, pris.e au cœur de ce désir, tant à la fois comme être désirable certes, mais aussi comme être désirant. Et c’est cette fameuse dualité qui existe, selon moi, entre l’objet et le sujet de désir.

Lorsque mentalement, nous nous mettons à lister les qualités de l’autre et de ce qui nous a amené à sentir grandir en nous un intérêt vif et saisissant pour cette personne, nous omettons bien souvent de mettre en lumière ce qui nous secoue dans le même temps. Intrinsèquement.

Oui. Il/elle me plaît par son esprit fin et pertinent, par sa joie de vivre, par sa gueule d’amour, par ses yeux où je me perds, par sa culture qui me fascine, par les intonations que prend sa voix, par la manière de remettre sa mèche de cheveux, etc… Les descriptions des attributs qui nous attirent alors, inondent notre esprit et éveillent à chaque fois tout un flot d’émotions plus ou moins fortes en nous. En tout cas, leurs évocations s’avèrent souvent suffisantes pour éveiller une envie, un désir certain de se rapprocher. Et qui sait, de proposer à son ou sa partenaire de partager un moment d’intimité intense ?!…

L’autre devient alors objet de notre désir, de nos ressentis amoureux, érotiques et fantasmatiques. Il/elle devient le réceptacle de tout ce que nous lui accordons comme grâces et bénédictions. Même si parfois réalité et fantasmes ne sont pas exactement raccords…

Oui. Nous trouvons aisément et rapidement de quoi mettre de l’eau au moulin de notre désir. Toutefois, dans le même temps, en évoquant tout cela, on s’attarde trop peu sur ce que cela vient dire de nous, en tant que sujet de désir.

Déjà, cela vient signifier que nous sommes vivant.e.s et vibrant.e.s. J’aime cette idée de vibrations, d’énergie secouante et vivifiante dans ce terme : vibrant.e. C’est comme s’il était fait mention d’une insondable énergie générée en notre fort intérieur, qui se libérerait en nous, comme pour nous éveiller à la vie. Nous éveiller ou nous ramener à la vie dans certains cas. Ou comme si ce désir pour l’autre que nous éprouvons nous grandissait soudain. Nous devenons alors un.e autre nous-même, sans même nous en rendre compte. Nous nous étonnons à gagner en assurance pour oser aller vers l’autre. Nous nous épatons à nous entendre le/la complimenter sans maladresse, ou si légère qu’elle est en touchante. Nous découvrons ou re-découvrons cet être quelque peu endormi, qui sommeillait en nous, et qui était capable de prouesses.

Le désir nous rend plus beau, plus belle, plus fort.e, plus intrépide. Il nous ramène à notre juste place de sujet, éprouvant des élans de vie, d’amour, d’envies. Il nous renvoie à nos possibles, aux choix et engagements que nous pouvons prendre pour définir notre chemin de vie, à court ou long termes, peu importe.

Le désir fait de nous des sujets à part entière.

J’avais envie d’en reparler, de le repréciser. Je trouve que bien souvent cet aspect du désir est négligé, spolié, oublié, au profit de ce que l’on place en l’autre.

Aimer, désirer autrui nous porte à faire attention à toutes ces petites choses qui nous attendrissent ou nous émoustillent chez l’autre. Néanmoins, rappelons-nous que désirer c’est aussi jouir de qui nous sommes et devenons.

Être objet et sujet de désir. Être désirable et désirant ou désirante tout à la fois comme les deux côtés d’une même pièce de monnaie !

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